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                              Lorsque le livre «les Américains »  a été publié, sa sortie ne déclencha pas loin s’en faut des débordements de joie aux Etats-Unis ! 
 
Dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, l’Amérique triomphante voulait donner d’elle une image idéale, une image glamour et chic à travers son cinéma et son art de vivre ! 
 
D’ailleurs les affiches de propagande apposées sur les billboards ne  proclamaient ils pas  
que les Etats-Unis avaient le plus haut standard de vie du monde ! 
 
C’était sans doute vrai puisque le monde entier enviait la qualité de vie américaine ou plutôt son aisance matérielle ! 
 
Et voilà qu’un Suisse sorti d’on ne sait où donne une image noire et pessimiste de  
L’Amérique ! 
 
Avec ses cadrages flous, presque hasardeux Robert Frank allait à l’encontre des canons classiques du reportage lui qui pourtant a été reporter pour Life – la bible du photoreportage ! 
 
Le Jeu de Paume nous permet de revoir les images du livre dans l’ordre exact de sa publication par Robert Delpire en 1958. 
 
Robert Frank a mis en image le pays de l’oncle Sam à travers ce voyage qu’il entreprit entre avril 1955 et juin 1956 avec femme et enfants grâce à une bourse de la fondation Guggenheim.  
 
Il montre une Amérique triste ou se côtoient des individus qui se croisent sans se voir ! 
 
Ce n’est pas du reportage mais sa vision toute personnelle de l’Amérique ! 
Lorsqu’il photographie une parade à Hoboken, on s’attendrait à voir une de ces pimpants et sexy majorettes – cheerleaders – mais en lieu de cela, il montre un drapeau américain à une fenêtre ou dans une autre image un saxophoniste dont on ne voit pas le visage mais encore ce drapeau ! 
Le thème du drapeau est récurrent dans ses photos car le drapeau est une institution sacrée aux Etats-Unis ! 
Autre exemple de sa «perversion » ! 
Robert Frank photographie un couple de vieux à bord de leur voiture alors que l’Amérique s’imagine elle éternellement jeune ! 
Comment avec une vision aussi peu dynamique de leur pays Robert Frank voudrait-il que l’on le célèbre outre Atlantique ! 
 
Il fut influencé sans doute par Walker Evans et son livre American photographs paru en 1938, portraits sombres sans émotion aucune qu’il avait réalisé dans le métro de New York ! 
 
Commentaire laudateur de ce dernier par ailleurs lors de la parution des «Américains »  de Frank ! 
 
Le photographe suisse a d’ailleurs organisé ce livre comme une séquence cinématographique préfigurant le réalisateur de films doux amers qu’il allait devenir ! 
 
Martial BEAUVILLE 
							  
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