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  article 3- A moment historique, responsabilité historique
 
 
 
 
 
 

            

article 3- A moment historique, responsabilité historique
   

Ce fut un moment exceptionnel, à la fois grave et porteur d’un immense espoir. Pour la première fois dans l’Histoire, plus de 150 chefs religieux musulmans et juifs se sont réunis pour dialoguer, réfléchir à ce qui les unit plus qu’à ce qui les sépare, condamner l’utilisation de Dieu ou de leurs textes sacrés à des fins de violence et de politique.
Il a fallu de longs mois de négociations, semés d’embûches, pour obtenir l’accord de tous ces responsables et les rassembler. Programmé trois fois déjà, ce Premier Congrès Mondial des Imams et Rabbins pour la Paix avait dû être reporté par trois fois. Prévu initialement au Maroc, il avait dû être déplacé à Bruxelles. Vous imaginez facilement tous les obstacles diplomatiques, tous les enjeux commerciaux, toutes les rancœurs qui pouvaient s’opposer à une telle initiative.

La Fondation « Hommes de Parole », initiatrice de l’événement, m’a témoigné une grande confiance en me chargeant de photographier, en exclusivité, tous ces courageux participants. Notre intention est d’en faire un livre présentant, face à chacun de leurs portraits, des extraits de la Torah et du Coran incitant à l’amour et à la fraternité, ainsi que les messages de paix que ces maîtres spirituels s’engageaient à adresser, ensemble, à leurs communautés respectives et à notre planète en danger. Le livre serait accompagné d’une exposition circulant dans le monde entier. Nous voulons réaliser quelque chose de clair, simple, abordable et compréhensible par tous. Il s’agit de créer un contre-feu, dans les médias et dans les cœurs, à l’exploitation systématique de la foi, par les extrémistes de tous bords, pour attiser la haine entre les êtres.

Je portais là, moi aussi, une immense responsabilité. Pas question de faire de banales photographies pour témoigner de ces journées historiques et porter un message aussi fort à toute l’humanité. Il fallait en faire une œuvre à la mesure des circonstances. Je comptais sur la belle lumière de l’Atlas marocain pour m’aider dans cette tâche. Quand j’ai appris, à deux semaines du Congrès, que nous déménagions à Bruxelles, avec les pâles lumières de l’hiver, les journées courtes et un probable mauvais temps, je me suis cassé la tête pour trouver une solution. Sur place, je disposerais de trois jours, c’est bien peu, et ces personnalités auraient quantité de réunions, avec bien d’autres préoccupations que de se faire tirer le portrait. Il faudrait faire vite, ils seraient pressés, et le droit à l’erreur ne m’était pas permis. Pas question d’utiliser le noir et blanc si nous voulions toucher largement la presse magazine.

J’ai horreur des éclairages de studio, je trouve ça fastidieux et factice. C’est ainsi que l’idée m’est venue de reconstituer un espace de lumière comme on en trouve en bien des lieux sacrés, en utilisant la lueur tremblante et chaude des bougies pour transfigurer ces visages. Christian, qui m’assistait, m’a soutenu que je me cassais bien la tête, alors qu’il était tout à fait possible de créer la même atmosphère avec des filtres ou en jouant, en numérique, sur la température de couleurs. Mais il était hors de question pour moi de nous faciliter la tâche en contournant l’obstacle : l’atmosphère créée par cet éclairage peu commun participerait à la magie de ces instants, agirait sur les âmes de mes modèles, et cela se verrait dans leurs regards et dans les photos. Alors que je privilégiais la démarche spirituelle, Christian était plus dans l’aspect technique. Il a souvent été sur ce plan de bon conseil, efficace, attentif, persévérant, et sa passion pour le studio a illuminé son cœur là où manquait l’extase mystique.

Ces journées de travail, de réflexion et de partage entre ces personnages venus de tous les points du globe, mais aussi plus humblement entre Christian et moi, ponctuées d’échanges verbaux parfois vifs mais toujours sincères, resteront dans ma mémoire avec les couleurs et les caresses fragiles des chandelles, rouges frissons surgis des profondeurs mystérieuses d’une chambre noire où régnaient l’amitié et l’espoir.

Xavier ZIMBARDO – 27/01/2005

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